18 / 12 / 2014

Vegan : Mythe ou réalité?

Pour ceux qui me suivent sur Facebook, j’ai écrit « no comment » suite à la critique par le Nouvel Observateur, d’un régime cru et végétalien qui fait en ce moment des centaines de milliers d’adeptes. Voici donc, comme je vous l’ai promis, l’explication de mon « no comment »

Première partie

Aborder un sujet tel que celui-ci, m’a demandé beaucoup de recherches, de lectures, d’interviews, de réflexions et bien entendu, d’expérimentations. Vous le savez, je vous l’ai déjà énoncé, que j’ai été Vegan pendant 3 ans. Pour ma part je sais de quoi je parle. Je ne vais pas rentrer dans le débat des élevages intensifs et de la maltraitance que l’on fait subir à nos animaux, car nous sommes tous d’accord sur ce fait, que l’élevage intensif est une aberration et que les lobbys veulent nous faire croire que sans ces procédures, nous ne pourrions pas nourrir tout le monde…


Vous trouverez tous les arguments, pour et contre, dans ce magnifique livre de Lierre Keith, « le Mythe végétarien », aux éditions Pilule rouge. Je vous invite à lire ce livre remarquable. C’est un des livres les plus documentés et les plus instructifs que j’ai lu depuis 30 ans !

Aujourd’hui encore, les études de médecine ne comportent toujours pas un cursus en alimentation. Les médecins, qu’ils soient généralistes ou spécialisés, n’ont que 4 heures en 7 ans ou 10 ans d’études à la faculté de médecine. Quand en 1975, déjà sensibilisée à l’alimentation, j’ai voulu m’inscrire dans une école de diététique, cela n’existait pas ! J’ai dû donc faire des apprentissages personnels et tester les nombreuses doctrines ou régimes qui avaient cours à ce moment-là. J’ai fait de nombreuses rencontres avec des précurseurs, soucieux d’une médecine de terrain et d’une compréhension au-delà du symptôme.


ÊTRE VÉGÉTARIEN EST UNE DÉMARCHE DE SANTÉ

Les végétariens ou les végétaliens sont attentifs à leur santé. En général ils ne fument pas, ne boivent pas d’alcool, et font régulièrement du sport. Ils ont compris que l’alimentation pouvait leur apporter un mieux être ou pouvait leur permettre de retrouver la santé. En tout cas, ce sont les promesses de tels régimes. Que ce soit par philosophie pacifiste, par éthique, ou par ce que l’expérience est concluante, des millions de personnes se trouvent mieux en suivant un tel régime. Et je ne vais pas me positionner d’une façon péremptoire, car je suis bien consciente que nous sommes tous différents. Ce qui convient aux uns, ne convient pas aux autres. Et ça c’est une vérité ! C’est la raison pour laquelle je vais vous énoncer divers points de vue, afin que vous puissiez, en toute connaissance de cause, comprendre et savoir si oui ou non, le régime végétalien et cru vous convient ! À vous de vous faire votre propre idée est de faire votre expérience!

Tout d’abord je suis allée rencontrer le docteur Robert Nataf, grand biologiste depuis plus de 50 ans et directeur du laboratoire Philippe Auguste à Paris. Voici les éléments qu’il a bien voulu me confier :

« Avec l’espérance de vie croissante il y a des maladies neuro dégénératives, Alzheimer, Parkinson, les Démences séniles. Après 65 ans, 10 % des gens sont atteints de maladies neuro dégénératives. Pourquoi ? Car le cerveau est l’organe qui est apparu le plus tard dans l’évolution. C’est donc le cerveau qui va être le plus sensible à l’allongement de l’espérance de vie, car il est probable qu’il n’ait pas complètement achevé son évolution. D’autant qu’il est apparu dans des atmosphères plus riches en oxygène. Il est donc oxygèno -sensible. L’ostéoporose est également une maladie liée à l’augmentation de l’espérance de vie. La 3e grande maladie est celle liée à notre civilisation, qui vient majorer les 2 autres : c’est le fameux » hyper insulinisme », provoqué par la surcharge métabolique ou la surcharge énergétique, et qui va générer une inflammation et un stress oxydant.


IL Y A 3 TOUJOURS DÉTERMINANTS MAJEURS DANS TOUTES LES MALADIES :

- la surcharge énergétique ou la surcharge métabolique

- l’inflammation

- le stress oxydatif


On sait très bien que quand on soumet quelqu’un souffrant d’une maladie neurodégénérative à une restriction calorique, on ralentit l’évolution de sa maladie.


QUELLES SERAIENT DONC LES MESURES DE PRÉVENTION ?

Dr Robert Nataf : Nous ne sommes pas tous égaux et nous avons des facteurs génétiques individuels de susceptibilité aux maladies dégénératives. Le cerveau est très riche en matière blanche, ce sont des substances, des expansions du neurone, (axones et dendrites) qui sont très riches en cholestérol. Par exemple 25 % du cholestérol de notre organisme se trouve dans le cerveau, alors que le cerveau ne représente que 2 % du poids de l’organisme !

QUELLE SERAIT LA MEILLEURE NOURRITURE ?

Nous sommes le fruit d’une évolution qui s’est synchronisée entre notre environnement et notre biologie. Les aliments les plus adéquats, sont les aliments qui sont le plus proches de nous. Cela veut dire que, pour moi, les aliments d’origine animale devraient représenter 50 % de l’apport énergétique, mais attention je ne suis pas spécialiste en diététique, mais c’est le constat que je fais après plus de 40 années d’études de résultats en biologie.


À l’époque les bêtes étaient sauvages, elles n’étaient pas élevées. Elles se nourrissaient donc naturellement d’herbage et de ce qui convenait à leur espèce. Aujourd’hui, les élevages intensifs ne nourrissent plus les animaux selon leur biologie. La viande est devenue toxique car on fait consommer du soja, du maïs, des céréales qui ne conviennent pas du tout aux herbivores. Résultat : leur gras, au lieu de nous nourrir, est devenu toxique, car trop riche en oméga 6 alors qu’avant il était riche en oméga 3. Ensuite ce sont les végétaux plutôt feuillus, comme les épinards, la mâche, les feuilles de bettes, tout ce qui contient des feuilles, car ils sont très riches en chlorophylle et autres éléments alcalinisants. Il y a également les baies, car les fruits à l’origine n’existaient pas.

Ensuite on peut manger des courges, un petit peu de pommes de terre etc. On évite les produits séparés comme le sucre et tous les produits industriels. On consommera des noix et autres oléagineux en quantité raisonnable, car ils contiennent des composés glucidiques qui sont difficiles à digérer. Toutes les céréales sont trop riches en sucre. On ne devrait donc les consommer qu’en très petites quantités. On peut prendre de la noix de coco ou des avocats etc. Bien entendu, il s’agit ici d’une alimentation idéale et je suis bien conscient que la société ne nous encourage pas à manger de la sorte. Il faut donc manger avec un certain équilibre entre les produits carnés et les végétaux, avec une partie crue et une partie cuite à la vapeur par exemple.

POURQUOI NOTRE ALIMENTATION DOIT-ELLE COMPORTER DES ALIMENTS D’ORIGINE ANIMALE?

L’apport des protéines animales est indispensable. Indispensable, parce que c’est sur leur apport que s’est bâti, pendant des millions d’années, notre physiologie, ce qui ne veut pas dire qu’elles sont essentielles à la vie, mais à l’optimisation de nos fonctions et de la vitalité de nos organes.

De plus, au niveau cérébral, les protéines animales stimulent l’humeur, la motivation et l’esprit de conquête.

Le fait de manger des aliments d’origine animale est fondé sur notre appareil locomoteur qui a besoin de protéines animales. Pourquoi ? Parce qu’il y a une foultitude de travaux qui ont démontré qu’en consommant des protéines animales, on augmentait la masse osseuse. Mais on va devoir nuancer : ceux qui ne mangeraient que des protéines animales, avec des chips, des pommes de terre, des aliments sucrés, de l’alcool se retrouvent en acidose. Et on sait que le régime acidogène va détruire l’os en puisant des éléments alcalins pour tamponner l’excès d’acidité. Il faut savoir que l’os est une réserve en éléments alcalins. C’est pourquoi lorsqu’on est soumis à un régime acidogène, on va puiser dans ces ressources vitales. Mais il va puiser également dans le muscle parce que c’est dans le muscle qu’il va déclencher une protéolyse pour détruire la myosine (principale protéine du muscle), la myosine va libérer des acides aminés, parmi ces acides aminés, il y a la glutamine qui va directement aux reins. Tous les autres vont arriver au niveau du foie et être convertis en glutamine. Car quand on tombe en légère acidose, le foie produit, à partir des acides aminés, la glutamine. Et cette glutamine va arriver au niveau du rein et elle va être utilisée par la première partie du rein qui va aller arracher un ammoniac de la glutamine pour tamponner l’ion H4 plus qui est en excès. Ce processus se fait au détriment de notre appareil locomoteur. On fragilise donc notre appareil locomoteur, c’est-à-dire nos os et nos muscles. Et ce qui menace l’individu qui ne mange que des végétaux, ou qui a un régime acidogène, c’est donc l’ostéopénie. Ce qui menace les personnes âgées, c’est la perte des os et la perte du muscle. Quand on marche on renforce l’appareil musculaire et quand on renforce l’appareil musculaire, on renforce le cerveau. Le muscle diffuse des tas de substances qui peuvent se résumer en « Body To Brain », c’est un message que le corps envoie au cerveau et fait naître des sensations positives telles que la détermination, l’estime de soi et en même temps envoie des substances trophiques pour tous les tissus, notamment les défenses anti infectieuses. Car quand le muscle fonctionne bien, il va charrier de la glutamine. Car le muscle est riche en glutamine. Quand on ne mange que des légumes sans protéines animales, on va perdre cette glutamine qui a un effet anti infectieux. La glutamine va aller au niveau des cellules de la muqueuse intestinale et va accélérer son renouvellement, car c’est une des cellules qui se reproduit le plus vite dans l’organisme, et permet une meilleure absorption. Si on manque de glutamine, cela ouvre la porte aux agents infectieux même si ce ne sont que des particules de bactéries. C’est un peu compliqué, mais je vais stimuler les Toll like récepteur (TLR). C’est notre interface avec le monde bactérien. C’est l’interaction avec notre fameux microbiote.

Les protéines animales sont donc indispensables à notre appareil locomoteur.

POURTANT, ON VOIT DES ATHLÈTES VÉGÉTALIENS ET QUI SE PORTENT BIEN!

Quel âge ont-ils ? Est-ce qu’on a mesuré leur densité osseuse ? Est-ce qu’on a mesuré la force et la qualité osseuse? Est-ce qu’on connaît leur avenir fracturaire? En général ils ne le mesurent pas et les problèmes commencent passé 50 ans. À densité osseuse égale lorsque vous avez 20 ans de plus, vous avez 4 fois plus de chance de faire une fracture car l’os est plus sec et plus oxydé et il a subi des attaques du collagène par les glycotoxines (j’en ai parlé précédemment dans un autre article) et l’action du stress oxydant.

LES PROTÉINES ANIMALES SONT INDISPENSABLES À NOTRE MICROBIOTE ?

Le microbiote fabrique près de la moitié des polyamines à partir de l’ornithine (un acide aminé°) des protéines animales. Les polyamines assurent la trophycité (c’est l’ensemble des mécanismes et des processus qui participent à la nutrition et à croissance des organes et des tissus.) de toute la mitose digestive* et une partie d’entre elles pénètre l’organisme pour exercer tous leurs bienfaits physiologiques. – De plus, les populations microbiennes du colon et de l’intestin s’entre régulent démographiquement à travers des substances bactériophile élaborées à partir des protéines animales.

Merci Docteur Nataf

Découvrez la conférence du Docteur Nataf

Je continuerai à vous dévoiler des arguments d’autres scientifiques. En attendant je vous souhaite un beau weekend et surtout manger ce que vous voulez !

 

* la mitose désigne les événements chromosomiques de la division cellulaire. Il s’agit d’une duplication « non sexuée » (contrairement à la méiose). C’est la division d’une cellule mère en deux cellules filles.

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