16 / 05 / 2023

Sclérose en plaques : comprendre et agir

Je voudrais vous parler aujourd’hui de la sclérose en plaques, cette maladie auto-immune qui touche les personnes jeunes et davantage les femmes, pouvant progresser à plus ou moins long terme vers un handicap irréversible. Si la part génétique est importante, nous savons, grâce à l’épigénétique, que nous ne sommes pas que nos gènes, bien heureusement, et les facteurs environnementaux pèsent aussi leur poids dans le « réveil de la bête ». Certains sont bien connus, qui sont autant de fenêtre d’actions pour éviter le pire, et mieux prévenir la maladie, ou tout du moins empêcher sa survenue.


Quand le corps s’auto-attaque…

La sclérose en plaques (SEP) fait partie de ces terribles maladies où ce sont nos propres cellules immunitaires qui attaquent notre corps. Dans cette maladie, c’est le système nerveux central (cerveau et moelle épinière) qui est affecté. Les lymphocytes B s’en prennent aux gaines de myéline qui, tel le plastique entourant des fils électriques, isolent et protègent les fibres nerveuses et jouent aussi un rôle d’accélérateur de la vitesse de propagation de l’influx nerveux. La circulation de l’information se trouve ainsi empêchée ou perturbée.

Ces attaques créent des lésions dispersées dans le système nerveux central, d’où le terme « plaques », qui sont le siège d’une inflammation.

La maladie se manifeste par des poussées inflammatoires qui entraînent la démyélinisation.


Deux formes de SEP

Beaucoup plus fréquente dans les pays dits développés, la sclérose en plaques touche environ 110 000 personnes en France, avec 4 000 à 6 000 nouveaux cas par an. C’est la première cause de handicap sévère non traumatique chez les jeunes adultes (l’âge moyen de début des symptômes est de 30 ans) et elle affecte plus les femmes pour sa forme la plus fréquente : la forme rémittente, qui concerne 85% des cas. Celle-ci évolue par poussées, entrecoupées de période de calme (rémission) plus ou moins longues, où les symptômes disparaissent totalement ou partiellement, avec une récupération le plus souvent complète après chaque poussée les premières années. Il peut s’écouler quelques mois à plusieurs années entre deux poussées1. Certainement une fenêtre d’action2

Dans la forme « progressive d’emblée » (15% des cas), l’aggravation des symptômes neurologiques est lente et continue sans poussées et sans rémission. Elle est plus « tardive », survenant après l’âge de 40 ans, et elle touche autant les femmes que les hommes.


Une SEP ne fait pas l’autre, à chacun sa SEP

Quant aux symptômes, ils sont extrêmement variables d’une personne à l’autre et peuvent se modifier au cours de la vie de la personne atteinte.

Selon la zone du cerveau ou de la moelle épinière touchée par les lésions, les troubles peuvent être moteurs (avec une faiblesse musculaire réduisant les possibilités de marche), touchant la sensibilité (engourdissements, fourmillements, douleurs…), la vue (vision double ou baisse d’acuité visuelle), des troubles de l’équilibre aussi et de la coordination ou des vertiges, des troubles urinaires et sexuels, et des problèmes cognitifs, avec des difficultés d’attention, de concentration, de mémoire, un ralentissement3… Les symptômes peuvent être isolés ou associés.

Cette maladie est une vraie plaie, d’autant que ces troubles peuvent, à plus ou moins long terme, progresser vers un handicap irréversible. C’est évidemment cela qu’il faut éviter. Si les facteurs de risque sont encore mal connus, différentes pistes solides se dégagent qui sont autant de fenêtres d’actions pour éviter le pire, et mieux prévenir la maladie, ou tout du moins empêcher sa survenue.

La sclérose en plaques résulterait d’une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux.


Les facteurs génétiques

Le fait d’être porteur de variations génétiques particulières affectant un locus du système HLA (Lien vers article sur le système HLA)augmente le risque de développer une sclérose en plaques. Plus de 200 variants génétiques associés à la maladie ont été identifiés à ce jour, la plupart d’entre eux jouant un rôle dans l’immunité.

Si la maladie n’est pas héréditaire, il existe donc des facteurs de susceptibilité qui favoriseraient sa survenue, ce sous l’influence d’autres facteurs, notamment environnementaux.


Les facteurs environnementaux

Différents facteurs environnementaux sont soupçonnés de déclencher la maladie, parmi lesquels le niveau d’ensoleillement et donc le déficit en vitamine D. On ne le dira jamais assez, nous sommes tous carencés en cette vitamine essentielle à de multiples niveaux, sous nos latitudes. Nous n’avons pas d’autres choix que de nous supplémenter et bien souvent à fortes doses, comme nous l’explique très bien le Dr Stéphane Résimont (Lien vers ITW).

L’adolescence, une étape clé ? Il a en effet été mis en évidence4, de façon très schématique, que les personnes qui migrent après l’âge de 15 ans conservent le risque de la région d’origine, comme si celui-ci était inscrit. Tandis que celles qui migrent avant l’âge de 15 ans acquièrent le risque de la région d’arrivée, comme si l’exposition environnementale au moment de l’adolescence déclenchait un événement décisif plusieurs années avant le début clinique de la maladie, souligne l’Inserm.

Je pense que ce point mérite ample réflexion au vu de tous les changements, pour ne pas dire bouleversements !, certes physiques mais également mentaux, qui se produisent à l’adolescence : remise en question de l’autorité parentale, passage de l’enfant à l’adulte…

Le tabagisme actif, ou passif au cours de l’enfance, les polluants respiratoires (solvants chimiques), les amalgames dentaires et l’obésité figurent parmi les autres facteurs soupçonnés de pouvoir déclencher la sclérose en plaque, ou bien encore l’infection par le virus d’Epstein-Barr (EBV), responsable de la mononucléose infectieuse, qui multiplierait par 32 le risque de SEP, selon une étude publiée en début d’année. Qui plus est, une infection passée par ce virus est détectée chez la totalité des adultes atteints de sclérose en plaques.

Ce virus augmente, chez certaines personnes, les risques de développer, outre la sclérose en plaques, les risques de développer six autres maladies auto-immunes : le lupus érythémateux systémique, la polyarthrite rhumatoïde, l’arthrite juvénile idiopathique, la maladie intestinale inflammatoire, la maladie cœliaque et le diabète de type 1.

Ceci aussi invite à la réflexion. Comme pour toutes les maladies qui nous « tombent dessus », il est important de rechercher la symbolique pour comprendre le sens et les raisons de sa survenue. Qu’est-ce que ce virus vient nous dire ? Qu’est-ce qu’il vient questionner en nous quand il se « réveille » ? Quand la vie ruse… comme dit si bien le Dr Olivier Soulier, qui travaille sur le sens des maladies depuis de nombreuses années. Nos maladies sont des messages et nos symptômes un langage. Quelle est la problématique commune à ces sept maladies auto-immunes ?


Qui est EBV ?

Le virus Epstein-Barr ou virus à herpès 4 (HSV-4) fait partie des virus humains les plus communs. Il infecte la majorité de la population (plus de 90% des adultes) et est retrouvé partout dans le monde. Aux Etats-Unis et dans d’autres pays dits développés, plus de 90% de la population est infectée avant l’âge de 20 ans, tandis que dans les pays dits moins développés, 90% de la population est infectée avant l’âge de 2 ans.

Pour le Dr Olivier Soulier, le virus Epstein-Barr, c’est le test ou l’épreuve maturatrice5. C’est le virus qui nous aide à devenir des adultes matures, capables de prendre des décisions sexuées (engagement amoureux, mariage, enfants, famille, maison, etc.). Cela signifie que ce processus est en panne dans toutes les maladies que nous venons d’évoquer. EBV vient révéler les incapacités et s’accompagne en conséquence de maladies qui en sont le témoignage.

Il s’agit, pour le Dr Olivier Soulier, d’un principe général d’agents infectieux qui ont une fonction dans le développement de notre physiologie et qui vont, au besoin, déclencher des pathologies comme témoignage du blocage. D’une part.

D’autre part, il est intéressant aussi de voir que dans les pays dits « sous développés », ce virus infecte les populations beaucoup plus vite, mais il y a aussi beaucoup moins de maladies auto-immunes provoquées par EBV. Et de questionner pertinemment : une infection précoce serait-elle moins problématique, ou plus efficace pour le développement ?

Il en résulte ainsi, continue le Dr Soulier, que plus les agents infectieux agissent tôt, plus ils sont efficaces en terme de développement positif. Quand ils agissent tard, ils révèlent les difficultés en la manifestant dans des pathologies.

Les microbes nous ont fait naître et continuent de nous faire progresser…

Des microbes d’une manière globale aux bactéries en particulier : les milliards qui composent notre microbiote intestinal dont la composition pèse aussi son poids dans la survenue de la maladie.


SEP et microbiote

Le microbiote intestinal, dont la composition joue un rôle dans la régulation de l’inflammation et la régulation du système immunitaire, des personnes atteintes de sclérose en plaques a un profil bactérien particulier : il présente une diversité moindre avec certaines bactéries en sous nombre.

Une étude en particulier a pointé le fait que certaines populations de bactéries - les espèces du genre Prevotella, Parabacteroides, Adlercreutzia et Erysipelotrichaceœ – soient moins nombreuses chez ces personnes pourrait être l’un des facteurs qui les ont prédisposées à la SEP. Ces espèces, en effet, libèrent au cours de leur métabolisme des substances anti-inflammatoires qui aident normalement à calmer le système immunitaire. Leur absence pourrait ainsi contribuer en partie au déclenchement des réponses immunitaires anormales qui sont associées à la maladie6.


Soulager les symptômes, éviter les poussées… prévenir la SEP ?

La solution est dans le problème, un microbiote en eubiose passe par une alimentation saine, non inflammatoire. Je vais me répéter : sans gluten, sans céréales, ni produits laitiers, pas de sucre, etc. Des bonnes graisses, beaucoup de légumes. Je vous renvoie aux différents articles que j’ai écrit sur le sujet et à mes livres.

Le type de régimes préconisés en cas de sclérose en plaques vaut pour tous finalement ! Paléobiotique bien sûr, régime méditerranéen aussi avec beaucoup de végétaux, moins de graisses saturées : peu ou pas de viande, mais du poisson gras, beaucoup d’oméga-3 (graines de lin, noix…), aucun produit ultra transformé, moins de sel, manger régulièrement du gingembre et des mets assaisonnés au curcuma.

Certains recommandent la diète de Swank, diète spéciale pour soulager les symptômes de la SEP. Faible en acides gras saturés, riche en acides gras insaturés, donc laissant peu de place aux graisses animales, elle se compare aux recommandations du Dr Kousmine, et doit être démarrée dans l’idéal au plus tôt dans les stades de la maladie. Cette diète contrecarrerait la réaction auto-immune tout en normalisant l’apport en acides gras essentiels.

Les antioxydants ont également toute leur place : acide alpha-lipoïque, co-enzyme Q10, concentré de melon…

Les vitamines D, comme je vous ai dit, mais aussi B, le zinc, le magnésium, en cas de déficit et en supplémentation si nécessaire, pour relancer la reconstitution des neurones.

L’huile d’onagre, riche en divers acides gras et vitamines, est intéressante dans la sclérose en plaques en participant à la régénération des gaines de myéline détruites par la maladie.

En revanche, ne prenez pas d’échinacée et de griffe de chat, deux produits de santé naturels contre-indiqués en cas de sclérose en plaques.

Autant que faire se peut : éloignez-vous de toutes les sources de champs électromagnétiques (appareils électriques, électricité, téléphone portable, ordinateur). Je sais, ce n’est pas facile, surtout à l’aube de la généralisation de la 5G… Je vous renvoie aux travaux du Dr Jean-Pierre Maschi sur les liens entre pollution électromagnétique et sclérose en plaques.

Certaines approches ont montré des effets bénéfiques comme l’hypnothérapie (y compris l’auto-hypnose) pour contrôler les douleurs chroniques difficiles de la sclérose en plaques, la magnétothérapie pour réduire les spasmes et la fatigue et faire diminuer plusieurs autres symptômes de la maladie, ou encore la réflexologie.

D’autres techniques de prise en charge physiques et psychosociales, telles que la thérapie cognitivo-comportementale, la psychothérapie de groupe, la participation à des groupes de soutien et d’éducation pour gérer le handicap, l’entraînement physique, la rééducation, etc., se sont révélées bénéfiques pour mieux vivre, être moins anxieux, moins fatigué, moins déprimé et plus mobile.

Vous ajoutez à ce cocktail multi-approches une bonne gestion de stress et des émotions, incontournable comme d’habitude, avec la cohérence cardiaque, le yoga, la méditation, il en existe des tas ! Et surtout, ce qui doit toujours vous guider et accompagner ce long et difficile chemin parsemé d’embûches vers le mieux être, voire… la guérison : faites-vous confiance !

Notre corps est notre meilleur allié, comme le dit si bien Olivier Soulier. Il porte en mémoire, « caché en évidence », à la fois tout notre vécu et les solutions de nos problèmes.

Magnésium : https://www.bionops.eu/fr/2336-mag-complex-300

Zinc : https://www.bionutrics.fr/products/zinc-b6




Marion Kaplan et Myriam Marino

Notes :

1 - Sclérose en plaques (SEP) Une recherche active pour améliorer la prise en charge des patients, Inserm, 17 septembre 2020

2 - Entre 5 à 20 ans après le début des symptômes, certaines personnes connaissent, une aggravation du handicap de façon plus continue et sans poussée. C’est ce que l’on appelle la forme secondairement progressive

3 – cité en note 1

4 - Travaux portant sur des populations migrantes, se déplaçant entre des zones de prévalence de la maladie différente.

5- Histoires de vies, Messages du corps, Dr Olivier Soulier, Éd. Sens & Symboles

6 - Nouvelles recherches en SEP. Une étude révèle que le profil bactérien de l’intestin des personnes attentes de SEP est tout à fait particulier, 12 septembre 2016 : scleroseenplaques.ca


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