24 / 02 / 2022

Les bienfaits de la vitamine K2

Je vous propose aujourd’hui un focus sur la vitamine K qui, outre son rôle très important dans la coagulation sanguine, s’avère impliquée dans de nombreux processus métaboliques indispensables tant à la bonne santé qu’à la vie. Les effets bénéfiques sur la santé cardiovasculaire et ostéo-articulaire, dans la prévention et même le traitement de l’ostéoporose, de la vitamine K2 en particulier sont de plus en plus documentés. Plus récemment, son effet préventif contre les cancers et les maladies inflammatoires a été mis en avant. C’est dire les nombreux bienfaits qu’elle nous procure et à quel point il est nécessaire de ne pas en manquer, auquel cas une supplémentation s’avèrera indispensable.

Attention à la carence même bénigne

La carence totale en vitamine K n’est pas décrite dans la population générale et la raison en est simple : tout est organisé pour qu’on n’en manque pas. Notre organisme a mis en place un système de recyclage très efficace et efficient de la vitamine K (à partir des apports alimentaires) pour pouvoir assurer ses fonctions. Ce système de recyclage fait intervenir différentes enzymes, dont le VKORC1 est une enzyme clé.

Si tout est bien organisé pour que nous ne manquions pas de cette vitamine essentielle au bon fonctionnement global de notre organisme, différents facteurs exposent nombre d’entre nous à ce que l’on appelle une subcarence, c’est-à-dire une carence bénigne, légère n’entraînant pas ou peu de signes pathologiques. Une carence certes bénigne mais qui peut contribuer au développement de calcifications des parois vasculaires et augmenter ainsi le facteur de risque cardiovasculaire1.

Parmi les différents facteurs exposant à une subcarence, figurent certaines conditions cliniques comme le diabète de type 2, une malabsorption des lipides, un traitement aux antibiotiques, une susceptibilité génétique (en raison du polymorphisme important du gène VKORC1), ou encore tout simplement le vieillissement, au cours duquel des calcifications commencent à apparaître.

Beaucoup de personnes, enfants comme adultes, apparemment en bonne santé seraient en carence en vitamine K.


De nombreux rôles essentiels

La vitamine K permet l’activation de protéines dites vitamines K dépendantes (PVKD) pouvant être :

- d’origine hépatique et jouer un rôle important dans l’homéostase2 ;

- ou être extra hépatiques et intervenir dans l’équilibre phosphocalcique, énergétique ou encore l’inflammation.

En activant ces PVKD, la vitamine K joue de nombreux rôles indirects comme le maintien de la coagulation, le maintien de l’équilibre ostéocalcique, la régulation du métabolisme du glucose, la régulation de l’inflammation ou encore la limitation de la prolifération cellulaire.

La vitamine K possède encore d’autres rôles secondaires moins connus. Notamment, elle jouerait un rôle dans la lutte contre le stress oxydant, ou encore (pour les initiés) la synthèse des sphingolipides. Elle aurait enfin aussi la capacité de se fixer aux récepteurs nucléaires des stéroïdes et xénobiotiques3.


Les différentes formes de vitamine K

La vitamine K regroupe la phylloquinone (vitamine K1), les ménaquinones (MK) (vitamine K2), et la ménadione synthétique (vitamine K3). En raison de ses effets délétères et notamment son caractère hépatotoxique, la vitamine K3 est absente de l’alimentation humaine, mais elle reste régulièrement utilisée en nutrition animale et chez les rongeurs de laboratoire.

La phylloquinone et les ménaquinones sont des composés liposolubles (solubles dans les graisses).

La vitamine K1 intervient plus directement dans le processus de la coagulation, et la vitamine K2 dans le métabolisme osseux, aidant notamment le calcium à rester dans les os et en dehors des artères afin qu’elles conservent leur flexibilité. Il a été démontré qu’en cas de carence, la calcification artérielle est accélérée. Outre son rôle dans le métabolisme osseux, la vitamine K2 possède des propriétés anticancéreuses que nous verrons ensemble ensuite.


Les apports alimentaires en K1 et en K2

La vitamine K1 est synthétisée uniquement par les plantes, les algues vertes et les cyanobactéries. On la retrouve ainsi principalement dans les légumes verts, en particulier à feuilles vert foncé, tels que les épinards, les brocolis, les salades et crucifères, ainsi que dans les huiles de soja ou encore de colza.

C’est la première des formes à avoir été découverte (ayant valu le prix Nobel de physique et de médecine aux deux chercheurs Albert Doisy et Henrick Dam en 1943), et elle sert actuellement comme médicament de référence en cas d’intoxication aux antivitamines K comme la warfarine.

Les ménaquinones (vitamine K2) sont synthétisées par les bactéries et se retrouvent principalement dans les produits d’origine animale et les produits fermentés.

On distingue ainsi la ménaquinone-4 (MK-4), la ménaquinone-7 (MK-7) ou encore la ménaquinone-9 (MK-9).

La forme MK-4 est synthétisée par les tissus animaux4. On en trouve dans les viandes, et notamment le foie, et dans le jaune d’œuf.

Les formes à longue chaîne sont synthétisées par diverses bactéries durant des processus de fermentation. On en trouve dans le natto, le miso, le chou fermenté et les fromages. Le type de MK produit sera fonction de la souche bactérienne responsable de la fermentation. Ainsi, on trouvera dans le natto et le miso une part importante de MK-7, Bacillus subtilis étant la souche bactérienne. La ménaquinone-7 (MK-7) est la fraction la plus active de la vitamine K2, et celle qui possède la meilleure biodisponibilité par l’organisme.

La MK-9 et, dans une moindre mesure, la MK-8 vont se retrouver dans les fromages.

Le microbiote intestinal participe également à l’apport quotidien en vitamine K. Certaines bactéries le composant sont capables de synthétiser différentes formes de MK indépendamment de l’apport alimentaire. Chez ces bactéries, ces MK servent de partenaire d’oxydoréduction dans la chaîne de transport des électrons et dans la phosphorylation oxydative (Lien vers Voyage en mitochondries). Cette synthèse se fait essentiellement au niveau du côlon qui représente plus grand réservoir bactérien du tractus digestif. Chez l’homme, les MK-6 sont synthétisées par Eubacterium lentum, MK-7 par Veillonella, MK-8 par Enterobacteria et MK-10 et MK11 par Bacteroides5.

Au risque de me répéter, l’occasion m’est donnée d’insister une nouvelle fois sur l’importance d’avoir une flore intestinale saine, abondante et diversifiée !


Absorption intestinale

Par sa nature lipophile, l’absorption intestinale de la vitamine K suit celle des lipides, et nécessite aussi la présence de sels biliaires et pancréatiques. Cette phase d’absorption est principalement réalisée dans la partie proximale de l’intestin grêle.

La consommation d’un corps gras au moment de la prise alimentaire permet de multiplier par trois la biodisponibilité de la phylloquinone. La MK-7 contenue dans le natto est 10 fois mieux absorbée que la phylloquinone dans les épinards6.

Différentes études ont été réalisées montrant les effets bénéfiques d’une supplémentation en vitamine K2 sur la santé vasculaire, notamment au cours du vieillissement, et contre l’ostéoporose.


Sur la santé vasculaire

Par exemple, une étude7 a montré qu’une supplémentation en MenaQ7, un complément alimentaire contenant de la ménaquinone-7 d’origine naturelle, à raison de 180 microgrammes par jour pendant trois ans, avaient conduit à des diminutions significatives dans la rigidité des vaisseaux chez des femmes ménopausées en bonne santé. Cette supplémentation a permis, qui plus est, une réduction de 50%, par rapport au groupe placebo, des niveaux de la protéine dp-ucMGP, un marqueur du statut de la vitamine K, et un facteur de risque pour le durcissement des artères.

Un effet bénéfique a aussi été observé dans les propriétés élastiques de l’artère carotide chez les femmes présentant une rigidité artérielle plus élevée au début de l’étude. Ainsi, la vitamine K2 améliore la santé vasculaire chez les femmes ménopausées en bonne santé, en particulier celles qui présentent déjà des parois veineuses rigides8.


Contre l’ostéoporose

Une équipe de chercheurs japonais a mis au point un natto dit « fonctionnel »9, fabriqué en faisant fermenter du soya avec une souche de bactérie (Bacillus subtilis) spécialement sélectionnée pour ses capacités à produire de bonnes quantités de vitamine K2. Ce natto est promu, dans le cadre du programme relatif aux aliments à usage médicinal précis (FOSHU – Foor for Specific Health Use), implanté par le ministère japonais de la Santé, comme pouvant contribuer à prévenir l’ostéoporose.

Au Japon encore, une forme particulière de vitamine K2 (la ménaquinone-4, MK-4) est un traitement reconnu pour contrer l’ostéoporose.

Des études et méta-analyses montrent qu’une forte dose de vitamine K2 (45 mg/jour), absorbée seule ou avec de la vitamine D3 ou encore du calcium, peut augmenter ou préserver la densité osseuse chez les femmes postménopausées. Il ressort également des différentes études que la vitamine K2 réduit aussi le risque de fracture chez les personnes ayant une carence en vitamine K ou souffrant d’ostéoporose10.

La plupart de ces études ont été réalisées au Japon, chez des femmes japonaises donc. Si plusieurs chercheurs pensent que les effets de la vitamine K ne sont pas extrapolables aux femmes occidentales, tous les auteurs s’entendent pour insister sur l’importance d’un apport alimentaire élevé en vitamine K dans le maintien de la santé osseuse11.


Contre plusieurs cancers

Outre ses vertus sur la santé en général, et plus particulièrement en cas d’ostéoporose, d’athérosclérose, de maladies neuro-dégénératives et de calcification artérielle, la vitamine K2 possède également des propriétés cancéreuses. Ce, grâce à ses actions inhibant les facteurs impliqués dans les maladies courantes liées à l’âge, l’une des caractéristiques du vieillissement étant la hausse de la fréquence des cancers, comme nous l’explique Bruno Lacroix12. Des études épidémiologiques et cliniques ont en effet pointé le rôle de la vitamine K dans la réduction de l’impact du cancer et de sa progression.

Concernant précisément la vitamine K2, des études in vitro ont identifié une activité anticancéreuse contre les lignées cellulaires du foie, du côlon, du pancréas, de la leucémie, du poumon, de l’estomac, des gliomes, du sein et de la prostate.

Bruno Lacroix passe en revue en détail l’action de la K2 pour chacun des cancers évoqués, que j’invite les initiés à lire s’ils veulent aller plus loin (Blog de Bruno Lacroix : bruno-lacroix.com). Il ressort globalement, nous dit-il, que les mécanismes anticancéreux identifiés pour la vitamine K2 sont l’induction de l’apoptose, l’arrêt du cycle cellulaire, la différenciation cellulaire, la réduction de la prolifération cellulaire et de l’angiogenèse (résultat de l’inhibition de la COX2), l’inhibition de la signalisation d’activation de la croissance tumorale et l’activation des gènes PXR (récepteur des xénobiotiques).

Et de conclure qu’il est vraisemblable que la vitamine K2 a des effets anticancérigènes en raison de sa capacité à réguler l’expression des gènes. En effet, la vitamine K2, précisément sous forme MK-4, régule l’expression des gènes, à l’image des vitamines A et D, en fait une dizaine de gènes, dont certains sont impliqués dans la régulation de la croissance et de la prolifération cellulaire, deux processus importants dans le développement du cancer.

Vous aurez ainsi compris à quel point il est important de ne pas manquer de cette vitamine absolument essentielle au bon fonctionnement global de notre organisme et au bien vieillir, longtemps et en bonne santé.

Outre toutes ces propriétés bénéfiques que je viens d’énumérer, la vitamine K protègerait également des formes graves de Covid-19 selon une étude néerlandaise. Les auteurs n’hésitent pas à encourager tout un chacun (hormis les personnes prenant des anticoagulants bien sûr) à se supplémenter en vitamine K « qui n’a aucun effet secondaire, même moins qu’un placebo » en ces temps de pandémie. Vous savez ce qu’il vous reste à faire !


Parmi les suppléments

Vitamine K2-MK+, 90 gélules, 15 mg de K2-MK+ par gélule. 

Laboratoire Oronalys. Posologie : 1 gélule 3 fois par jour au cours du repas ou selon les conseils de votre thérapeute

Lien direct pour la vitamine K2



Marion Kaplan et Myriam Marino.

Notes :

1 – Carence en vitamine K et polymorphisme du gène Vkorc1 chez le rat : vers un nouveau modèle d’étude des calcifications vasculaires, Arnaud Michaux, Thèse de Doctorat de l’université de Lyon

2 – L’homéostase est l’ensemble des phénomènes du sang et des vaisseaux sanguins prévenant ou permettant l’arrêt de l’écoulement du sang et ainsi contrôlant physiologiquement le retour à une circulation normale

3 – Les sphigolipides sont des lipides complexes, jouant un rôle important dans la transmission du signal, et la reconnaissance des cellules

4 - La MK-4 est la forme de stockage de la vitamine K au niveau des tissus des mammifères

5 – op. cit. 1

6 – op. cit. 1

7 – La vitamine K2 améliore la santé vasculaire des femmes, La Nutrition, 15 juin 2015

8 – op. cit. 7

9 – Vitamine K, Passeport santé

10 – op. cit. 9

11 – op.cit. 9

12 – L’aspect bénéfique des formes de la vitamine K2 dans certaines pathologies modernes (partie 2), Numéro17, décembre 2021, Bruno Lacroix


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