13 / 10 / 2025
La molécule de la longévité
Quand un acide gras oublié pourrait changer notre rapport au vieillissement
Dans un contexte nutritionnel de diabolisation des graisses, apprendre qu’un acide gras saturé « oublié », le C15 :0 (ou acide pentadécanoïque), s’avère essentiel à notre santé est pour le moins inattendu, tout comme le fut cette découverte par la Dre Stephanie Venn-Watson. Le C15 :0, c’est la graisse saturée « boucle d’or » qui détient la clé du vieillissement en bonne santé, ce en agissant de manière bénéfique sur les processus liés à l’âge, comme elle nous l’explique dans son livre « La molécule de la longévité »*.
Où le trouver ? Quels sont les apports préconisés pour en tirer tous les bénéfices ? C’est ce que nous vous proposons de voir ensemble aujourd’hui.
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Découverte chez les dauphins
La Dre Stephanie Venn-Watson, vétérinaire et épidémiologiste, et son équipe ont fait cette découverte inattendue en étudiant les dauphins de la Marine américaine, ces mammifères avec lesquels nous partageons tant de points de communs notamment en termes de longévité, de vieillissement métabolique, de profil lipidique et de marqueurs biologiques. Entre autres.
Certains individus vieillissaient mieux, c’est-à-dire plus lentement, avec moins de maladies liées à l’âge, et il s’est avéré qu’ils avaient la particularité de présenter une concentration plus élevée en C15 :0. Les chercheurs ont donc enrichi l’alimentation des dauphins vieillissants en C15 :0 (avec des sources naturelles en contenant, comme le poisson entier). Ceci a eu pour effet de réduire chez ces derniers les signes de diabète (baisse de la glycémie et meilleure sensibilité à l’insuline) et d’inflammation (baisse des marqueurs inflammatoires), d’améliorer les lipides sanguins (diminution du cholestérol et des triglycérides), et de ralentir le vieillissement cellulaire, donc de prolonger une vieillesse en meilleure santé. En clair, le C15 :0 a non moins qu’inversé les caractéristiques du vieillissement.
Le constat fut sans appel pour les chercheurs : le C15 :0 joue un rôle protecteur, exactement comme un « nutriment essentiel » manquant dans l’alimentation des dauphins vieillissant plus vite, avec l’apparition de maladies liées à l’âge. Comme nous.
Le C15 :0 a ce même rôle protecteur, essentiel, chez les humains, ainsi que le montrent les premiers essais cliniques qui vont dans le même sens, même si c’est à petite échelle pour l’instant. Et comme les dauphins vieillissants, nous manquons de ce nutriment essentiel car il a quasiment disparu de nos assiettes au cours des cinquante dernières années. La raison principale à cela : la très mauvaise réputation des graisses saturées. Si les dauphins tirent leur C15 :0 de certains types de poissons, notre source principale est le lait entier. Nous y reviendrons.
Un nouveau type de carence nutritionnelle
Cette réduction drastique voire absence de cet acide gras protecteur n’est pas sans conséquences sur notre santé et notre bien-être.
Selon la Dre Venn-Watson, et d’autres chercheurs dans le monde entier, qui continuent à approfondir le rôle du C15 :0 et la nécessité de restaurer nos réserves en ce nutriment essentiel, la stéatose hépatique (maladie du foie gras), dont les cas ne cessent d’augmenter, pourrait être le symptôme d’un nouveau type de carence nutritionnelle, celle en C15 :0. Un peu comme le scorbut est causé par un manque de vitamine C, ou le rachitisme, un manque de vitamine D. Au-delà de la stéatose hépatique, continue la chercheuse, on découvre ce qui apparaît comme un syndrome plus large de carence nutritionnelle en C15 :0 : le syndrome de fragilité cellulaire, qui commence par l’affaiblissement des membranes cellulaires - en raison de cette carence - et se termine par un vieillissement accéléré, accompagné de l’apparition trop précoce de maladies chroniques : diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, et même certains cancers, surtout chez les jeunes.
Le C15 :0 joue un rôle essentiel dans notre santé, de l’enfance à la vieillesse, en passant par toutes les étapes de la vie. Il est essentiel à une croissance et un développement cognitif sains, chez les bébés, et chez l’adulte, il contribue à ralentir le vieillissement cellulaire, à nourrir les membranes de nos cellules afin qu’elles puissent mieux nous nourrir.
De multiples protections
Les différentes recherches menées jusqu’à ce jour montrent que le C15 :0 renforce nos membranes cellulaires, défenses imparables contre les agressions extérieures.
Il cible directement l’inflammation, en réduisant 18 cytokines et chimiokines pro-inflammatoires, notamment celles qui sont les plus impliquées dans les pathologies liées au vieillissement (comme IL-6 et TNF).
Il répare la fonction mitochondriale, notamment en réduisant les niveaux nocifs des espèces réactives de l’oxygène (ERO). Il rétablit la signalisation cellulaire, pour une communication efficace entre à l’intérieur des cellules. Il ralentit les altérations épigénétiques, et enfin il améliore la santé du microbiote intestinal, en augmentant les niveaux de Bifidobacterium adolescentis, population de bactéries bénéfiques qui diminue naturellement avec l’âge, en particulier après 60 ans.
Il restaure aussi les voies métaboliques fondamentales en activant l’AMPK, régulatrice clé de l’homéostasie énergétique, qui contribue à équilibrer le contrôle du glucose et de l’insuline (et facteur de longévité) et en inhibant mTOR, qui a tendance à s’accélérer avec l’âge, ce qui entraîne une augmentation de l'inflammation, du tissu cicatriciel indésirable et des cellules cancéreuses sénescentes. mTOR empêche les cellules malades de mourir, et ces cellules sénescentes dites « zombies » provoquent encore plus d’inflammation et de problèmes liés au vieillissement. Le C15 :0 élimine ces cellules zombies.
C’est la molécule de la longévité par excellence.
Un nouvel acide gras essentiel ?
Pour toutes les différentes raisons déroulées jusqu’ici, de nombreux chercheurs proposent que le C15 :0 soit reconnu comme un acide gras essentiel. Jusqu’en 2020, sur les 300 acides gras existant, seuls deux étaient reconnus comme essentiels : l’acide linoléique, LA, acide gras de la famille des oméga-6, et l’acide alpha-linolénique, ALA, acide gras de la famille des oméga-3.
Le C15 :0 en remplit tous les critères : il est indispensable à une bonne santé (un faible taux est associé à une moins bonne santé), notre corps n’en produit pas suffisamment (il est rare et présent en petits quantités), il cible et gère directement de multiples composantes des maladies métaboliques, hépatiques et cardiaques, notamment en activant des récepteurs clés (comme l’AMPK) et en en inhibant d’autres (comme mTOR), ce qui nous maintient en bonne santé et retarde l’apparition de maladies chroniques.
Enfin, notre organisme utilise cette molécule de base pour fabriquer d’autres molécules utiles : des métabolites. Comme notre organisme utilise l’ALA pour fabriquer les métabolites EPA et DHA (acides gras oméga-3), il utilise le C15 :0 pour fabriquer une molécule appelée pentadécanoylcarnitine (ou PDC), un endocannabinoïde découvert récemment doté d’activités multiples pour soutenir la santé physique et mentale, et ainsi serait impliqué dans la régulation de l’inflammation, de l’humeur et du sommeil, assurant un sommeil profond.
Toutes les graisses saturées ne se valent pas
Force est de constater à la lumière de tout cela qu’il va nous falloir porter un regard plus nuancé sur les graisses : toutes ne se valent pas.
Le fait qu’un acide gras saturé possède un nombre pair ou impair de carbones détermine généralement s’il est bon ou mauvais. Les acides gras saturés à chaîne impaire comme le C15 :0 (15 carbones) et le C17 :0 (17 carbones) sont bénéfiques à la santé, au contraire des acides gras à chaîne paire, en particulier le C16 :0 (16 carbones) et le C18 :0 (18 carbones) qui sont associés à une mauvaise santé. Ils sont pro-inflammatoires et augmentent le risque, à des taux élevés, de diabète de type 2 et de maladies cardiaques. Le problème, c’est que ces derniers sont présents en bien plus grande quantité que le bénéfique C15 :0 (et le C17 :0). En général, plus de 40% des acides gras sont des C16 :0 et des C18 :0, et moins de 5% sont des C15 :0 et des C17 :0.
Où trouver du C15 :0
Le C15 :0 est présent dans le lait entier (surtout de vaches nourries à l’herbe de type Jersiaises), les fromages à pâte dure (le parmesan, le comté, le cheddar), le beurre cru issu de vache jersiaises nourries à l’herbe, ou de ghee. Les produits allégés n’encontiennent pas…On en trouve aussi dans les poissons gras : le saumon, la sardine, le maquereau, et enfin, en quantité modeste et selon le type d’élevage, dans les viandes rouges nourries à l’herbe.
Les teneurs en C15 :0 varient selon le type d’alimentation animale (élevage au pâturage ou industriel).
L’idée n’est pas de se jeter sur le beurre et les produits laitiers gras sans nuances, puisqu’ils contiennent aussi d’autres graisse saturées (C16 :0, cholestérol) comme nous venons de le voir, mais de réintroduire, dans le cadre d’un régime global équilibré, des produits entiers de qualité (bio, jersiaises élévées en pâturage), du poisson gras, et d’éviter les versions « light ». Les produits écrémés ou allégés en matières grasses contiennent très peu, voire pas de C15 :0. Le lait maternel est riche en C15 alors que les laits maternisés n’en contiennent pas !
Quel apport pour un bénéfice santé
L’alimentation occidentale standard en apporte environ 15 à 20 mg/jour. Or, les chercheurs estiment que des effets bénéfiques, contribuant activement à protéger notre santé métabolique, cardiaque, et hépatique, apparaîtraient plutôt à 100-200 mg /jour. Par exemple, 1 verre (250 ml) de lait entier bio en apporte environ 15-20 mg, 30 g de parmesan environ 20-25 mg et 100 g de saumon environ 10-15 mg.
Pour atteindre 100 mg/j, il faut donc combiner plusieurs sources dans la journée.
Et la supplémentation ?
Des compléments existent. Par exemple, l’équipe du Dr Venn-Watson a développé le Fatty15 où chaque capsule contient environ 100 mg de C15 :0 purifié.
La supplémentation peut s’avérer utile pour les personnes végétariennes/véganes, qui ne consomment donc pas de produits laitiers et de poissons, ou les personnes intolérantes aux produits laitiers.
La supplémentation est en revanche à envisager avec prudence en cas d’hypercholestérolémie, d’antécédents cardiovasculaires, ou quand on suit un régime spécifique. À discuter avec son médecin donc.
Pour conclure
Les données chez l’humain sont encore préliminaires, mais les premiers essais montrent que le C15 :0 est bien toléré et qu’il améliore certains marqueurs biologiques. De quoi alimenter l’espoir sans pour autant crier au miracle. Comme la Dre Stephanie Venn-Watson insiste elle-même : ce n’est pas une « pilule » magique. C’est une voie prometteuse et une piste sérieuse, un levier intéressant à penser dans une démarche globale, donc qu’il convient de combiner avec un bon sommeil, de l’activité physique, une alimentation variée, équilibrée et bien sûr anti-inflammatoire, et une bonne gestion du stress. Autant d’éléments que l’on retrouve souvent dans les approches de longévité.
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* La molécule de la longévité : le nutriment oublié qui répare vos cellules, restaure votre métabolisme, prolonge votre jeunesse, Thierry Souccar Éditions, octobre 2025. Le titre en anglais The longevity nutrient : the unexpected fat that holds the key to healthy aging. Soit en français : Le nutriment de la longévité : la graisse inattendue qui détient la clé d’un vieillissement en bonne santé