18 / 01 / 2023

Focus sur la santé rénale : comment garder les reins solides ?

Sans eux, c’est l’empoisonnement assuré ! Il s’agit là de la fonction la plus connue de nos reins, mais ils en ont bien d’autres qui font d’eux des organes fondamentaux pour le maintien de notre bonne vitalité globale. Seulement voilà, en vieillissant les reins ont tendance à ne plus fonctionner aussi bien. Certains aliments aussi ne leur font pas du bien. Je vous propose de voir ensemble aujourd’hui les ennemis de nos reins et au contraire leurs alliés pour retrouver ou maintenir le plus longtemps possible une bonne fonction rénale. En un mot, comment avoir (ou garder) les reins solides… tant sur le plan physique que psychique ! 

Le filtre de la vie

Travailleurs incessants, nos reins ont de multiples fonctions, dont la plus connue d’entre toutes est – comme je l’ai introduit - de nous éviter l’empoisonnement en filtrant notre sang (plus de 1700 litres de sang par jour1) pour éliminer les déchets issus du métabolisme (urée, créatinine, acide urique…).

À cette fonction majeure s’en ajoutent d’autres moins connues, mais tout aussi vitales. Nos reins assurent en effet aussi le maintien de l’eau à un niveau constant dans le corps et l’équilibre des taux de sels minéraux nécessaires à l’organisme comme le potassium, le phosphore ou le sodium.

Ils produisent, qui plus est, des hormones, des enzymes et des vitamines indispensables à la fabrication de globules rouges, à la régulation de la pression artérielle et à la fixation du calcium2.

Ainsi, pour vous donner quelques exemples, ils sécrètent la rénine, une enzyme qui joue un rôle important dans la régulation de la pression sanguine. Ils ont la charge de la transformation de la vitamine D (synthèse du calcitrol). Ils sécrètent l’érythropoïétine (EPO), hormone qui stimule la fabrication des globules rouges…

Et ce n’est pas fini ! Nos reins jouent aussi, comme le souligne Michel Odoul, un rôle très important dans le stress et les peurs, et et dans la manière dont nous allons les gérer. Ils sécrètent, en effet, par l’intermédiaire des glandes surrénales (la médullosurrénale et la corticosurrénale), des hormones qui vont déterminer notre comportement face à ces derniers. La médullosurrénale sécrète l’adrénaline et la noradrénaline, qui vont impliquer nos réactions de fuite ou de lutte. Quant à la corticosurrénale, elle sécrète des corticoïdes (cortisol), soit de la cortisone naturelle. Un anti-inflammatoire naturel. Ainsi, les corticoïdes vont contrôler le niveau « inflammatoire » de notre réaction, c’est-à-dire son intensité émotionnelle, passionnelle au niveau cellulaire. Et Michel Odoul de rappeler que les glucocorticoïdes sont bien plus que de la cortisone : ce sont des « chercheurs d’équilibre», la raison qui fait qu’ils sont très importants dans tous les métabolismes, comme celui du sucre, des graisses, des protéines, etc. Ils favorisent en effet le catabolisme des protides, ont une action hyperglycémiante, augmentent les réserves lipidiques et ont, à dose pharmacologique, une action anti-inflammatoire.

Vous voyez ainsi à quel point nos reins sont des organes fondamentaux pour le bon maintien de la vitalité globale. Ils permettent une bonne récupération après l’effort, une bonne résistance à la fatigue, une bonne circulation, une bonne capacité de réponse et de défense, etc.

Qu’ils se mettent à dysfonctionner et c’est tout qui dysfonctionne ! Et le problème avec les reins, c’est que – tout comme cet autre super organe qu’est le foie – ces « bourreaux de travail » ne se plaignent jamais, même quand ils sont en souffrance. C’est évidemment problématique - car cela peut conduire à l’insuffisance rénale chronique (c’est-à-dire la destruction progressive et irréversible des reins) -, et doit d’autant plus nous motiver à prendre soin d’eux au quotidien.


Environ 10% de Français concernés sans le savoir

Et ils peuvent souffrir en silence pendant des années avant de faire « enfin » grand bruit, et là c’est trop tard… La maladie ne se manifeste, en effet, que quand elle a atteint un stade avancé, parfois au bout de plusieurs dizaines d’années d’évolution silencieuse. Rarement avant 45 ans du coup. Sa prévalence augmente avec l’âge, après 65 ans notamment. C’est le lot de tous nos organes, que de moins bien fonctionner avec le temps. À nous de redoubler de prudence et de soin quand nous prenons de l’âge !

Le nombre de personnes malades des reins qui ne présentent pas de symptômes avoisinerait, selon les estimations actuelles, 10% de la population française.


Les causes de l’insuffisance rénale chronique

Elles sont diverses et parfois inconnues, mêlant des facteurs génétiques, environnementaux et dégénératifs, comme le souligne l’Inserm.

Dans 50% des cas, la maladie est consécutive au diabète et à l’hypertension artérielle. La néphropathie diabétique (c’est le terme scientifique) est la première cause de mise en dialyse3 dans les pays développés, avec une proportion qui augmente et un âge de survenue qui baisse. La néphropathie hypertensive est, elle aussi, en augmentation.

Vous aurez compris que tout ce qui améliore tant le diabète que l’hypertension améliore la santé des reins, et aussi, évidemment, tout ce qui nous préserve de ces deux pathologies. Je vous renvoie vers mes articles sur la question de la prévention de ces deux pathologies.

Parmi les autres causes, l’insuffisance rénale peut aussi résulter d’infections bactériennes répétées des voies urinaires hautes, notamment par E. coli (voir notamment l’article sur les cystites), affectant l’un ou l’autre rein, d’une maladie génétique héréditaire affectant les reins (la polykystose est la plus fréquente), de mutations génétiques, dont plusieurs ont été identifiées à ce jour, ou encore de l’action de… certaines bactéries intestinales.

Le microbiote et l’alimentation joueraient en effet un rôle dans certaines formes de maladies rénales associées à une anomalie immunitaire, en particulier dans la maladie de Berger (ou néphropathie à IgA). Dans cette maladie, la muqueuse intestinale produit en excès des anticorps IgA de structure anormale4 et il a été montré la contribution de certaines bactéries intestinales dans cette hyperproduction. L’implication de molécules qui jouent aussi un rôle dans la maladie cœliaque, liée à l’ingestion de gluten, plaide aussi pour l’influence de l’alimentation chez des sujets sensibles.


L’occasion de parler du rôle important de l’alimentation dans la santé rénale.

La Fondation du rein donne quelques conseils d’alimentation, en cas d’insuffisance rénale, pour ralentir la maladie ou éviter les complications5. Mais certains points sont communs à tous, insuffisants rénaux ou non. Ils permettent de repérer les ennemis de nos reins, à utiliser avec parcimonie, pour préserver au maximum leur bon fonctionnement, surtout en prenant de l’âge comme vous l’avez compris.


Attention à l’acide. 

Les reins étant impliqués dans l’équilibre acido-basique de l’organisme, s’ils fonctionnent moins bien, les acides de l’alimentation sont moins bien éliminés, et c’est l’acidose chronique qui nous pend au nez. En apportant une alimentation alcalinisante, on ralentit ainsi le déclin de la fonction rénale. Il est donc conseillé de manger plus de fruits et légumes, en faisant toutefois attention à l’excès de potassium.

Il existe aussi des compléments alcalins comme le bicarbonate de sodium et le citrate de sodium, qui réduit également le risque de calculs rénaux.

Le bicarbonate de potassium ne doit en revanche pas être utilisé en cas de maladie rénale parce que (en cas d’insuffisance rénale), le potassium peut s’accumuler jusqu’à atteindre des taux mortels.

Doucement sur les protéines. Il est conseillé de limiter l’apport en protéines car elles sont transformées en urée qui risque de s’accumuler dans le sang si l’organisme a du mal à les éliminer. Plus l’apport protéique est bas, plus la maladie progresse lentement, mais il ne s’agit pas non plus de trop réduire les protéines !

Et il faudra privilégier les protéines végétales, alcalinisantes, plutôt qu’animales, les viandes étant acidifiantes.

Attention au sel. 

Cela vaut pour tous, il est essentiel de réduire les apports en sel, en prenant en compte le sel caché présent dans le pain, les fromages, et tous les plats préparés y compris les soupes. Faites-les vous-même. Agrémentez vos plats d’herbes et d’épices, des mets de choix pour vos petites bactéries intestinales, qui plus est !

Éviter l’excès de phosphore et de potassium. 

Dans l’insuffisance rénale, le sang n’est pas correctement débarrassé du phosphore en trop, ce qui n’est pas bon. Des taux de phosphore et de calcium élevés peuvent aussi conduire à des dépôts de calcium dans les vaisseaux, les poumons, les yeux et aussi le cœur. Les abats, les sardines, les légumes secs, la bière, le lait, les fromages, le chocolat (oui, je sais, c’est dur pour les « accros » !) sont des sources alimentaires riches en phosphore très disponible qu’il faudra limiter.

Quant au potassium, en cas d’insuffisance rénale, il peut s’élever dans le sang et devenir dangereux pour le cœur quand son taux est très excessif. Il est donc impératif d’éviter les fruits riches en potassium, surtout quand ils ont un gros noyau, comme les pêches, les prunes et pruneaux, les abricots, les mangues, mais aussi la banane, le kiwi, les fruits secs… Et les légumes secs comme les haricots rouges ou blancs, l’avocat, les pommes de terre et les patates douces.

Si vous ne pouvez vraiment pas vous passer de pommes de terre (et que vous êtes insuffisant rénal), la Fondation du rein livre une astuce pour les débarrasser du potassium : épluchez-les et faites-les tremper dans de l’eau froide une heure. Jetez l’eau et répétez cette manipulation deux fois avant de les faire cuire dans une nouvelle casserole d’eau pour en faire une purée ou les faire rissoler à la poêle.

Quand nos reins fonctionnent bien, ils peuvent gérer pratiquement tous les aliments – même si c’est toujours dans la juste mesure évidemment ! En cas d’insuffisance rénale, même légère, le sel et tous les aliments salés, les protéines animales, les aliments riches en potassium vont demander trop de travail aux reins. Si vous avez vraiment envie de charcuterie, pas de panique, vous en mangerez sans excès et vous tamponnerez avec des aliments alliés des reins.

Une bonne hydratation est très importante aussi parce qu’elle va permettre d’éliminer les toxines et de maintenir le bon fonctionnement du système urinaire.

Une bonne hygiène de vie, une alimentation saine et équilibrée, et de l’exercice physique, on en vient toujours au même point !

Et n’oublions pas une bonne gestion du stress et des émotions car nous avons vu que nos reins étaient déterminants dans nos capacités de défense et de réponse face au stress et aux peurs. Ils sont nos points d’appui. Quand nos reins fléchissent, nous parlent-ils d’une difficulté dans ce sens ? Que nous disent les maux des reins, notre force vitale ?


Les reins en médecine traditionnelle chinoise

Avec la vessie, le rein fait partie du système urinaire, qui nous permet de gérer les liquides organiques et d’éliminer les toxines du corps. C’est ce système qui filtre, stocke et évacue les « eaux usées » de notre organisme. Ce rôle est fondamental car l’eau du corps est un vecteur essentiel de la mémoire profonde des individus. Le Principe Énergétique de l’Eau est d’ailleurs intimement lié à la mémoire ancestrale. Nous sommes là en présence de l’activité la plus occulte et la plus puissante du corps humain, celle de la gestion des « eaux souterraines » et de la fertilité (fécondité), comme nous le souligne Michel Odoul6.

En médecine traditionnelle chinoise, c’est dans les reins que se situe le Jin, l’essence vitale héritée de notre famille, mais aussi la mémoire émotionnelle et les capacités de notre corps. Selon le Dr Liliane Papin, c’est dans les reins que réside la mémoire de notre corps, tout comme l’énergie originelle transmise par nos parents, nos ancêtres.

Selon la grille de lecture énergétique chinoise, ils « stockent » toute la dimension somatique de notre histoire, comme la peur et l’angoisse liées à des événements traumatiques, par exemple. Mais plus encore, les reins sont , selon les termes de Serge Autier, également dépositaires de notre énergie Jin, un terme que l’on traduit par essence, l’équivalent de notre ADN.

Organe Yin du Principe énergétique de l’Eau, le Rein a la charge de l’équilibre Yin/Yang dans le corps. Il pacifie le guerrier et excite le pacifique, comme l’explique Michel Odoul. Son immuable force de présence sourde et de travail, fait que c’est lui qui donne la volonté, la puissance de fond d’un individu, sa capacité à faire face (dans l’effort, face au stress, etc.). C’est lui qui donne le courage, c’est-à-dire, non pas le fait de ne pas avoir peur, mais le fait de faire face à ses peurs, quelles qu’elles soient.

La MTC nous dit également, continue Michel Odoul, que le Rein, c’est le froid et la dureté par rétractation et cristallisation. C’est le froid que certains patients ressentent dans leur corps, c’est le durcissement des vaisseaux, ce sont les calculs qui se précipitent dans les reins. Si leur énergie est forte, ils sont capables de compenser beaucoup, mais si elle est faible, les défenses tombent. Le virus s’engouffre dans la brèche la plus ouverte. L’acupuncture permet de relancer cette énergie vitale au plus profond de nous.

En médecine traditionnelle chinoise, le Rein porte nos racines, nos origines, qui nous sommes, d’où nous venons, à quoi nous « appartenons », dans le sens de l’appartenance à un groupe, une équipe ou une famille. Ces racines sont majeures parce qu’elles nous ancrent, nous donnent de l’assise et de la référence. Quand nous sommes perdus, c’est elles qui nous rappellent le chemin. C’est le grand livre de notre vie qu’il faut retrouver et rouvrir pour dépasser les craintes et les incertitudes projetées par tous ceux qui ont peur. Et ils sont nombreux ! L’épisode pandémie, la guerre en Ukraine, la sinistrose ambiante, nous ont fait douter, mais nous sommes plus forts que ça, nous avons tout en nous, vous le voyez bien. Il nous suffit d’en prendre soin tant par les apports extérieurs (alimentation, exercice) qu’intérieurs, profonds. À méditer.


Marion Kaplan & Myriam Marino


Notes :

1 – Le rein est irrigué en moyenne chaque jour par plus de 1700 litres de sang (toutes les quatre minutes, la totalité du sang de l’organisme est filtrée en traversant cet organe), soit environ 900 litres de plasma sanguin

2 – Insuffisance rénale, Décrypter les mécanismes de destruction du rein, Inserm

3 – Quand les reins sont détruits, on a recours à la dialyse ou à la transplantation. 82 000 personnes sont concernées en France avec 45 862 dialysés et 36 433 greffés en France en 2015

4 - Ils s’agglutinent et se déposent dans le glomérule (réseau capillaire où se forme l’urine primitive) et finissent par détruire les reins

5 - Quelques conseils d’alimentation en cas d’insuffisance rénale) que faut-il manger pour ralentir la maladie ou prévenir les complications ? La Fondation du rein

6 – Dis-moi où tu as mal, je te dirai pourquoi, Éd. Albin Michel, Michel Odoul


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