1 / 01 / 2018

Dis moi comment tu manges, je te dirai qui tu es ?

Ce sujet de l'Homme qui mange est tellement vaste, que j'ai dû scinder en deux mon article afin que vous ayez le temps de comprendre vos comportements. Ce n'est pas chose facile que de s'observer dans ce domaine, car c'est un lieu de satisfaction et on n'a pas envie de se gâcher la vie à s'observer dans ce moment si précieux ! Pourtant, il va bien falloir en passer par là si vous voulez évoluer vers le bien être.

"La connaissance libère", nous dit Voltaire !

Il est important de faire cette recherche sur vous-même. Au besoin, notez pendant une semaine tout ce que vous mangez sur un carnet, en y ajoutant l’état d’esprit dans lequel vous étiez au moment du repas ou de l’en-cas. Faites-en un bilan au bout de la semaine et essayez de définir à quelle catégorie vous appartenez. Cette prise de conscience vous sera indispensable pour changer vos (mauvaises) habitudes.


Les comportements alimentaires


Aidez-vous de ces questions :


Mangez-vous parce qu’il est l’heure, ou pour faire plaisir à quelqu’un, ou pour ne pas gâcher la nourriture ?

Est-ce vraiment par faim?… D’ailleurs, savez-vous encore reconnaître la faim?

Mangez vous trop, ou trop peu?

Cela vous fait-il vraiment plaisir de manger ?

Mangez-vous parce que vous ne savez pas résister à une odeur délicieuse ou à une vitrine bien garnie ?

Mangez-vous parce que vous ressentez le désir confus de remplir

Un manque, ou parce que vous vous sentez seul ?

Mangez-vous pour passer le temps, parce que vous vous ennuyez ?

Mangez-vous trop parce que vous pensez que plus vous serez gros, plus on vous remarquera ?

Mangez-vous trop peu car vous pensez que moins vous serez gros, moins la vie vous pèsera ?

Mangez-vous parce que vous êtes malheureux ?…


Prendre conscience de la façon dont on mange, c’est en effet se donner la chance de sortir du schéma dans lequel on a été programmé, ou dans lequel on s’est soi-même inscrit. Quand vous en saurez plus sur votre façon de manger, prenez le temps de réfléchir et de répondre honnêtement à ces questions : qu’est-il arrivé dans ma vie pour que j’en vienne à ne manger que par habitude, par émotion ou bien par gourmandise ? ou pour que j’en vienne à ne plus avoir envie d’entretenir ma vie en mangeant ? ou pour que j’en vienne à tellement manger que je ne laisse plus de place pour autre chose que la nourriture dans mon existence ?

N’hésitez pas à remonter dans vos souvenirs d’enfance, à vous rappeler comment on vous nourrissait quand vous étiez petit, et à en déduire le genre de relations que vos parents (en particulier votre mère) avaient instaurés avec vous. Cherchez également comment ces rapports ont évolué au cours du temps et jusque dans votre vie d’adulte. Votre façon de manger aujourd’hui n’en est-elle pas le reflet ? Et vous-même, comment avez-vous nourri vos propres enfants ? Avez-vous choisi, préparé et offert leur nourriture comme on l’avait fait pour vous, ou d’une façon diamétralement opposée ?…


Vous le constatez, à travers la nourriture et la façon de manger, c’est bien plus que l’aliment qui passe, c’est toute votre existence telle que vous la ressentez, telle que vous la vivez et telle que vous la transmettez.


Les conflits qui vous nourrissent


Comment faire, alors, pour manger mieux ?


Il faut d’abord prendre conscience de vos conflits, en observant votre façon de manger. Puis les reconnaître, les accepter. Enfin essayer de les atténuer, voire de les résoudre : 

Si vous mangez par habitude, demandez-vous pourquoi vous êtes si rigide dans la vie et avec vous-même, et efforcez-vous de le devenir moins ; 

Si vous mangez par émotion, faites le tri de vos attentes, sans doute excessives, et essayez de les formuler clairement et sans agressivité aux personnes de votre entourage, pour qu’elles puissent y répondre mieux. Apprenez à moins compter sur les autres et plus sur vous-même ; 

si vous mangez par gourmandise, il est intéressant de distinguer par lequel de vos sens passe en priorité la tentation. La médecine héritée des Chinois anciens, où corps et esprit sont toujours reliés à travers les causes des maladies et leurs effets, nous apprend que :

L’odorat, relié aux poumons, fait référence aux idéaux – n’êtes vous pas trop idéaliste ou au contraire trop prosaïque ?

La vision, reliée au cœur, fait référence à la culpabilité – de quoi vous sentez-vous coupable ? Est-ce bien justifié ? Ne pouvez-vous vous pardonner ?

L’ouïe, reliée aux reins, fait référence à la crainte – de quoi avez vous si peur ? Quelle est l’origine de cette peur ? Est-elle toujours justifiée aujourd’hui ? 

Le goût, relié à l’estomac, fait référence aux émotions –pourquoi vos émotions vous dominent-elles ? Ou au contraire, pourquoi ne savez-vous pas les exprimer ni les maîtriser ?

Le toucher, relié au foie, est le sens qui englobe les autres comme la peau englobe le corps. Lorsque c’est votre sens du toucher qui est perturbé, il est probable que vous souffrez d’une grande colère intérieure qu’il sera urgent de canaliser. 

Si vous mangez par obligation, efforcez-vous de donnez un nouveau sens à l’événement qui vous a “dégoûté ” de la vie, et essayez d’abandonner la notion de devoir liée à la nourriture, donc à la vie, pour retrouver la notion de plaisir que vous n’auriez jamais dû oublier ;

Si vous mangez sans arrêt, chaque fois que vous mettez quelque chose à la bouche, essayez de distinguer votre envie d’amour de votre envie de nourriture. Tentez également, dans la vie, de ne pas attendre des autres l’impossible, ou ce qu’ils sont incapables de donner.


La “gestuelle” alimentaire


La façon dont vous vous comportez en mangeant a, elle aussi, son importance et elle peut vous donner de précieux renseignements sur vous-même et sur vos conflits – tout comme un symptôme donne un renseignement sur la maladie.


En décryptant ces gestes ou ces attitudes qui font partie de votre caractère, ou qui apparaissent à un moment ou à un autre de votre vie, vous pourrez y découvrir la manifestation de certains conflits, et cette prise de conscience commencera de vous aider à les affronter pour les résoudre.


 Vous ne savez jamais ce que vous voulez


Au restaurant, vous consultez sans cesse les autres :


– “ Et toi, qu’est-ce qui te fais envie ?

– J’hésite entre la viande et le poisson…

– Tu crois que c’est raisonnable de prendre un dessert ? ”…

Vous ne savez pas faire de choix, vous n’aimez pas prendre de décisions. Vous avez peur de vous tromper. Vous préférez laisser aux autres la responsabilité de votre vie. Leur opinion vous importe trop. L’avenir vous angoisse. Vous ne savez pas où vous allez.


Vous émiettez vos aliments


Vous réduisez votre morceau de pain en petits bouts ou vous vous contentez des petits morceaux qui traînent dans le plat… Vous savez ce que vous voulez, mais pensez que vous ne le méritez pas. Vous accordez la meilleure part aux autres et vous contentez de ce qui reste. Vous accordez peu de valeur à votre personne.


Vous mangez très vite


Vous avalez tout rond et vous buvez d’un seul trait. Vous passez le moins de temps possible à table. Vous ne savez pas profiter du moment présent parce que vous n’arrivez pas à le gérer. Vous vivez constamment en projection dans le passé ou le futur qui vous rassurent ou vous angoissent.


Vous mangez très lentement


Vous en êtes encore à grignoter votre entrée que les autres commencent leur dessert ! Vous prenez de toutes petites bouchées que vous mâchez indéfiniment. Vous parlez en mangeant. Vous ne vous apercevez pas que les autres vous attendent. Vous cherchez à étirer le plaisir du repas car vous estimez que votre vie est dépourvue d’autres satisfactions. Vous vivez centré sur vous-même, sans jeter de regards autour de vous.


Vous mangez très épicé


Rien n’est jamais assez épicé, assez piquant pour vous. Si vous faites la cuisine, vous utilisez beaucoup de piment. Si vous mangez celle de quelqu’un d’autre, vous ajoutez systématiquement du poivre avant même d’avoir goûté. Vous n’arrivez pas à trouver de stimulation dans votre vie. Vous estimez que celle-ci est trop ennuyeuse, qu’elle manque de relief. Les choses et les gens vous ennuient.


Vous mangez plutôt salé


A table, vous donnez toujours la préférence aux chips, aux charcuteries, aux salaisons, aux plats salés… Vous n’êtes pas vraiment attiré par les “ douceurs ”. Vous avez un problème avec la justice qui vous semble toujours bafouée : vous avez l’impression que la vie ou les gens sont injustes avec vous, et ce conflit se répercute sur vos reins, qui sont en rapport avec la justice.


Vous mangez plutôt sucré


Dans le repas, c’est le dessert que vous préférez. Vous cuisinez volontiers sucré/salé. Vous appréciez les friandises. Vous sucrez toujours votre café ou votre thé. Vous aimez vous sentir utile. Vous avez besoin de récompenses. Votre bonheur dépend de la reconnaissance et de la gratification des autres. Vous avez souvent l’impression que vos attentes sont insatisfaites.


Vous mangez plutôt gras


Vous aimez les sauces riches, les fruits de mer, la viande. Vous rajoutez facilement un morceau de beurre dans vos légumes, sur votre pain. Vous refoulez votre colère qui devient de l’agressivité, parfois tournée vers vous-même. Vous voulez tout contrôler, mais c’est impossible. Vous souffrez de l’impression de vous être laissé faire.


 Vous mangez en faisant du bruit


Vous préférez les aliments croustillants, croquants, ou vous mastiquez et déglutissez bruyamment, faites du bruit avec vos couverts. Vous avez l’impression qu’en faisant du bruit, votre vie aura plus d’importance. Vous vous sentez trop anodin et vous avez besoin que vos actions fassent du bruit pour être reconnu.


Vous mangez toujours la même chose


Quand vous cuisinez, vous utilisez toujours les mêmes aliments, ou vous voulez manger un certain aliment tous les jours. Vous vous rassurez en créant un cadre immuable autour de vous. Vous êtes sujet à certaines obsessions qui limitent vos actes et vos pensées. La nouveauté vous inquiète et vous l’évitez autant que possible.


Vous aimez manger comme quand vous étiez petit


Vous aimez retrouver les saveurs de votre enfance : les petits plats que vous faisait votre maman, la nourriture simple et savoureuse des tout-petits : purées, bouillies, fruits écrasés… Vous prenez votre vie trop au sérieux et vous avez besoin, pour compenser, de retrouver l’état d’esprit de l’enfant sans responsabilités et sans soucis.


Vous refusez de manger avec les doigts


C’est pour vous un supplice de manger des asperges ou des crevettes, de grignoter un os de poulet. Vous n’aimez pas toucher la nourriture que vous préparez. Vous avez beaucoup de mal à faire confiance aux autres, à vous livrer. Vous êtes d’un tempérament excessivement prudent.


Vous mangez une chose à la fois


Quand on vous sert le plat de résistance, vous mangez d’abord les légumes, puis la viande, puis les pommes de terre (ou vice versa). Vous ne mélangez jamais deux aliments dans la même bouchée. Vous acceptez difficilement la façon de faire des autres. Vous n’aimez pas rentrer dans le moule. Vous n’assimilez pas volontiers les idées des autres.


Vous faites autre chose en mangeant


Vous ne pouvez pas manger sans regarder la télévision, ou lire un livre, ou faire votre liste de course… Vous vous sentez coupable lorsque vous prenez du temps pour vous faire plaisir. Vous vous punissez vous-même. Vous débarrassez tout de suite la table Vous avez à peine fini de manger (vite) que vous vous levez de table pour débarrasser, laver et ranger, même si vous avez des invités qui ont à peine terminé. Vous avez un besoin excessif d’ordre et de rigueur, quitte à déranger les autres. Vous avez besoin de tout maîtriser pour vous rassurer. Vous ne respectez pas les envies et les besoins des autres.


 Alors, quel mangeur êtes vous ?


Faites faire cet exercice autour de vous, ou bien observez vos proches et vous verrez que ces grilles de lecture collent bien à la réalité.

A lire : Nutrition Consciente, La bible de l'alimentation du corps et de l'esprit, Marion Kaplan aux éditions Grancher

Marion Kaplan.


PODCAST

L’enfant du sourire à l’assiette : Rencontre avec Christine Zalejski

Le rêve de tout parent : avoir un enfant qui mange de tout et prend du plaisir à table à déguster autre chose que des pâtes et de la purée.

Le rêve de tout enfant : ne pas vivre les repas comme des emprisonnements durant lesquels ils se sentent gavés comme des oies à coups de haut le cœur.

Pour que l’apprentissage de l’alimentation et le plaisir de la découverte soit optimale tant au bénéfice des enfants que celui des parents, Christine Zalejski, docteur en biologie et créatrice du site cube & petits pois, s’est largement penchée sur le sujet apportant son expertise et des solutions toutes simple par le biais, le plus souvent du jeu et de l’échange.

L’alimentation positive est sans doute le gage de l’harmonie à tous les niveaux de la relation.

A lire :

L’éducation alimentaire positive de Christine Zalejski (Ed. Thierry Souccar)



Marion Kaplan


Séminaires Ecoute ton corps de Lise Bourbeau

Nutrition Consciente aux éditions Grancher de Marion Kaplan



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